Proposition de textes pour
l’Acte de fondation de l’École Lacanienne de Montréal (ÉLM)

François Couture

L’École Lacanienne de Montréal (ÉLM) a été fondée à Montréal par des personnes qui se sont engagées à y entreprendre un travail : celui de faire circuler la pratique et le discours de la psychanalyse tels que nous l’ont enseigné Sigmund Freud et, à sa suite, Jacques Lacan.

L’École Lacanienne de Montréal accueille quiconque a le désir de poursuivre un tel travail : les analystes ou les ceux qui désirent le devenir ; les personnes qui, hors de tout ésotérisme et de tout endoctrinement, désirent y trouver refuge contre le “ mal-être ” de la civilisation ; et enfin toute personne qui désire enrichir son travail et sa pratique par l’apport de la psychanalyse (thérapeutes, étudiants, infirmiers, intervenants sociaux, etc.)

L’École lacanienne de Montréal se veut un lieu de “ mise au savoir ” et de “ production de savoir ”, à savoir le savoir de l’inconscient. Elle veille donc à ce que soient mises en place toutes les conditions nécessaires pour que circule ce savoir. Cette circulation, pour autant qu’elle soit un but, est donc l’objet de jouissance des membres de l’École, cela étant que le savoir cause une perte de savoir.

L’École s’est dotée d’une structure organisationnelle qui en favorise la prise en charge et la mise en acte personnelle. Le travail qui y est effectué ne se voit pas récompensé par une promotion (aucune hiérarchie dans l’École), mais par un retentissement, une diffusion au sein et à l’extérieur de l’École. De même, les menus travaux ne sont pas réservés aux “ moins gradés ”, aux plus jeunes, aux nouveaux venus, etc.

Comme le souligne Lacan, puisque “ l’enseignement de la psychanalyse ne peut se transmettre d’un sujet à l’autre que par un transfert de travail ”, ce transfert est ce qui “ fait école ”, ce qui noue entre eux les membres de l’École. L’enthousiasme qui en résulte fait acte dans la promotion de la cause de l’être du membre de l’École (de son désir) dans le champ social.

La transmission du savoir de l’inconscient grâce au transfert s’effectuera à partir de lieux tels :

a) les séminaires
b) les cartels
c) les colloques
d) les publications
e) la Passe
f) la cure
g) les contrôles ou supervisions

Les crises qui surgiront dans l’École seront analysées dans un contexte de “ parole pleine ”, c’est-à-dire dans un lieu de paroles débarrassées des effets imaginaires propres à la constitution d’un groupe (qu’on pense seulement ici à la jalousie).

La contribution financière des membres de l’École sera entièrement consacrée aux publications et à la diffusion. Cette contribution pourrait être calculée d’une façon telle qu’elle n’empêche aucun futur membre d’entrer dans l’École (ex. : l’équivalent d’un revenu hebdomadaire en salaire, prêt étudiant, prestation d’aide sociale, etc.).

Il est du devoir des membres de l’École de faire valoir l’incidence civilisatrice qui résulte de la pratique de la psychanalyse. Celle-ci propose en effets une forme d’amour qui serait à la base d’un nouveau lien social : l’amour de l’inconscient, c’est-à-dire l’ouverture à la présence de l’Autre au sein même de notre être.

Puisque cette École se dit lacanienne, elle consacre la topologie, ce moyen par lequel Lacan a articulé des champs de la subjectivité humaine qui ne peuvent s’appréhender autrement, comme étant la spécificité sur laquelle reposent ses assises.