Il y a une pratique lacanienne de la psychanalyse, celle-ci se
spécifie de viser le réel et d’en faire état : du lieu où ça lui
échappe, un savoir, qu’il élabore selon la logique propre à l’inconscient,
conduit le sujet à la possibilité de mettre en acte sa subjectivité.
Point pivot de cette manoeuvre : l’objet a, lieu central de la
clinique psychanalytique. Objet bien singulier chez l’être humain,
qui ne s’aborde, dans le parcours discursif de la cure, que par
sa topologie. Sans ce travail discursif faisant chuter cet objet
et procurant au sujet l’espace psychique nécessaire à sa mobilisation,
il lui est difficile de reconnaître ce qui se dit à travers ce
qui fait retour dans le réel pour lui (symptôme, inhibition, angoisse,
somatisation, délire...) - il en va souvent d’une question de
dignité humaine pour lui.
Afin d’interroger et de diffuser le discours qui se dégage de
cette expérience, une école lacanienne de psychanalyse s’avère
nécessaire : l’École Lacanienne de Montréal.
Le terme d’école souligne la place prédominante que le savoir
y occupera : un savoir articulé à partir de l’abord du réel que
favorise l’expérience psychanalytique.
Ce savoir analytique ne s’adressera pas qu’aux analystes et aux
analysants, mais aussi à leurs contemporains. Il est de la tâche
du psychanalyste de faire valoir l’incidence que représente son
discours dans le champ social à l’intérieur duquel il vit ; c’est
le “ travail de civilisation ” auquel Freud conviait le psychanalyste
lorsqu’il énonçait son impératif éthique : Wo Es war, soll Ich
werden. Par conséquent, analystes, analysants et non-analystes
(c’est-à-dire le champ social) seront invités à soutenir les travaux
de l’ÉLM ainsi qu’à les mettre à l’épreuve tant à l’intérieur
qu’à l’extérieur de l’École.
La mise en acte de l’inconscient se manifeste à l’intérieur d’un
espace où une parole est adressée à un lieu Autre, telle est la
découverte de Freud. De par la modalité de réponse du psychanalyste,
le sujet de cette parole est amené, au fil de son déploiement,
à rencontrer certains impossibles (réel) auxquels le confronte
sa position et à en prendre acte, d’où les transformations subjectives
qui s’y opèrent. Ces rencontres, et ses effets, ne sont possibles
que par le biais d’un travail de la parole. Trois lieux de parole
mènent vers cet abord du réel : la cure, la Passe et la supervision.
De ce que ces expériences enseignent, un savoir s’articule et
se transmet en différents lieux :
1) les séminaires ;
2) la clinique ;
3) les cartels.
De ces trois lieux à qui s’adressent les activités de l’ÉLM,
des trois lieux abordant le réel en jeu dans la subjectivité humaine,
et des trois lieux d’articulation du savoir qui en sont issus,
une structure se dégage, ce dont rend compte la figure topologique
du triskel.
Non-analyste
Analyste
Analysant
a
Clinique
PASSE
Séminaires
SUPERVISION
Cartel
CURE |
|
L’ÉLM s’affiche ainsi comme un lieu de mise au savoir - mise
au savoir de sa propre analyse, de la pratique analytique ou autres
formes de pratique où de la parole est en jeu, de la lecture de
faits cliniques et sociaux, des textes de Freud et de Lacan -
qui demande, pour que le travail soit soutenu, un enthousiasme
certain, soit le désir de promouvoir la cause de son être. Cet
enthousiasme parviendra plus aisément à se révéler s’il a un lieu
sur lequel il s’appuiera pour se déployer : l’École aura cette
fonction.
Par conséquent, afin de prétendre relever cette tâche, l’École
devra, nécessairement, maintenir l’inconsistance du lieu qu’elle
incarnera : S de A barré. Sans cela, l’École ne sera pas plus
analytique que n’importe quelle association ou société, analytique
ou non. En clair, l’École devra être un lieu d’appui à la mise
au savoir et non un lieu se sachant lui-même.
Afin que l’inconsistance de son lieu persiste, et ainsi prévenir
le plus possible les effets imaginaires liés à tout lien social,
certaines conditions s’imposent :
- que la structure organisationnelle de l’École soit circulaire
et permutative plutôt que hiérarchique ;
- que l’accès aux activités de l’École soit ouvert à TOUTE personne
désireuse d’y travailler ;
- que les crises qui y surgiront soient déclarées et analysées
;
- bref, que la parole y circule avec le minimum d’entraves.
Que soit reconnue la reconnaissance de l’inconscient caractérisera
l’ÉLM.