Objectifs d’un enseignement de psychanalyse
Diffusion du discours analytique ; c’est-à-dire, offrir un accès
au savoir issu de l’expérience psychanalytique.
L’enseignement à l’ÉLM serait :
- un lieu où une élaboration actuelle de la découverte freudienne
serait mise à jour ;
- un des lieux de formation (permanente) du psychanalyste ;
- un lieu de formation pour les praticiens travaillant dans le
domaine de la “ santé mentale ”.
Comme les champs du domaine de la “ santé mentale ” – la psychologie,
la psychothérapie, la psychiatrie, le travail social, la psycho-éducation,
etc. – sont tous, de près ou de loin, liés à la découverte freudienne
et à sa théorie, c’est en maintenant la spécificité et le vif
de sa découverte que la rencontre du discours analytique avec
ces différents champs peut produire des avancées au niveau de
la clinique et de la lecture des faits sociaux.
De plus, il devient urgent, alors que plusieurs concepts analytiques
issus de sa pratique se dégradent et s’éloignent des raisons de
leur existence, de rappeler et de réinterroger leur statut, leur
nécessité et les effets qu’ils entraînent.
Dit autrement : prendre le “ dit ” du discours analytique en
en oubliant le “ dire ”, conduit son utilisation à des conséquences
qui se situent, souvent, aux antipodes d’une éthique du sujet
– comme de nier l’expérience de l’inconscient.
Qu’est-ce que nous enseigne, fondamentalement, l’expérience
psychanalytique ?
- Que l’Homme est déterminé par le signifiant, et non l’inverse.
- Que le signifiant ne pouvant lui-même se signifier, sa répétition
produit des “ restes ” hors-signifiant (Réel) qui nécessitent
d’être pris en compte (objet a).
- Que l’inconscient relève de cette logique du signifiant ; inconscient
dont la mise en acte est à situer à l’intérieur d’une parole adressée
à l’Autre : le transfert.
- Que l’être, auquel le sujet est marqué d’une perte, est disjoint
de la pensée, toujours marquée d’un manque. Ou : que l’énonciation
sépare savoir et vérité. Ou encore : il n’y a pas de rapport sexuel.
- Qu’il n’y en ait pas, de rapport sexuel, sexualise le désir
(de l’inconscient, il n’y en a pas d’autre), comme en témoignent
les formations de l’inconscient.
- Que la réalisation de l’assomption subjective de la sexuation
du sujet doit en passer par l’affrontement de la castration, c’est-à-dire
du manque dans l’Autre.
- Que le sujet est l’indice de la subjectivité, là où le moi
l’est de la méconnaissance inhérente à la fonction imaginaire.
- Que l’activité humaine relève d’une l’insciption signifiante,
soit d’une écriture. L’activité psychique en est une de codage
(cf. Freud, la Lettre 52). L’une des réponses du psychanalyste
se situe donc au niveau d’un déchiffrage de l’inconscient et non
à une réactualisation affective d’un vécu passé. Par conséquent,
un mode de lecture ne méconnaissant pas la logique de cette écriture
s’avère nécessaire afin d’aborder les trois principales positions
subjectives de l’être (névrose, psychose et perversion), ainsi
que leurs manifestations (symptôme, angoisse, inhibition, délire,
phénomène psychosomatique, etc.).
- Que la fonction du Nom-du-Père est ce par quoi se constitue
la réalité du sujet.
- ...
De ce que nous enseigne la psychanalyse et de ce que nous enseigne
sa théorie, une ÉTHIQUE se dégage. Cette dimension éthique promeut
certaines indications au niveau de la direction de la cure à propos
de :
- L’orientation de la cure : des entretiens préliminaires à la
fin de l’analyse.
- L’acte analytique ;
- L’interprétation ;
- Du transfert et de son maniement ;
ce dont un enseignement de psychanalyse devrait rendre compte.
Questions :
- En quoi un enseignement se distingue-t-il des autres lieux
de formation – la cure, le cartel, la supervision, la passe –
où un enseignement de l’expérience analytique s’effectue ?
- Comme l’enseignement transmet ce que l’analyse enseigne, sous
quelles conditions une telle transmission est-elle possible ?
- Quelle est la spécificité du statut du savoir en jeu dans un
enseignement de psychanalyse ? (“ La psychanalyse, ça ne se transmet
pas comme n’importe quel savoir. ”, Lacan, L’envers de la psychanalyse,
p. 228)
- Qu’est-ce qui spécifie la position de l’enseignant dans le
cadre d’un enseignement psychanalytique ?
À suivre...