Coupure et continuités

Séminaire offert par Jean-Paul Gilson dans le cadre des activités d’enseignement de
l’École Lacanienne de Montréal

On se souviendra d'une formulation de Lacan dans son célèbre discours de Rome: "rétablir la continuité du discours conscient", tâche incombant au psychanalyste et/ou à l'analysant. Tâche plutôt qu'oeuvre dans la perspective de soutenir la réalité de l'inconscient comme "lücke". Les trous et manques dans cette optique sont pluriels et la continuité singulière. Nous proposons un renversement tel que le sujet y puisse lire les continuités opérantes de sa vie du fait même de leur refente. Art, religion, vie professionnelle étaient les mises en continuités freudiennes; nous cherchons à produire le plan de refente à partir duquel se déduirait ce choix freudien comme si nous devions nous mouvoir entre les deux nappes d'une surface unilatère qui se redoublerait. Il est certain que c'est ce que nous attendions de la Passe, qu'elle nous précise les modalités de ce désêtre-aux-continuités comme on dit être-au-monde. Il fut un temps aussi où l'élaboration ancienne situait ce plan dans l'entre-deux morts. Dois-je rappeler que toute existante que soit l'écriture et la topologique plus qu'aucune autre, c'est de la parole que ce plan s'étoffe? Qui aujourd'hui veut de ce lieu qui parle? Très peu pour MOI s'entend-on répliquer. Ledit l'emporte sur Ledire au point que l'invective psychotique restera le seul refuge bientôt même au discours amoureux qui y donnait accès. Le Phallus court dans ce plan comme s'il en était le couperet privilégié. Son passage séparateur est effectif de ce qui ne cesse pas de ne pas s'écrire et dont l'amour se fait lettre. Scandale permanent dont nous avons le choix de soutenir la cause ou de le laisser choir au rang de symptôme (autre écriture), celui d'un siècle dont on aura vite oublié le tranchant freudien. Ce plan de découpe qui fait nos continuités se doit d'être articulé en toute logique et l'intuition n'y suffit point. Repérable dans l'actualité comme dans la clinique dont s'est une autre forme, l'avènement du plan de coupe de la parole s'appuiera des traces accessibles maintenant des présentations cliniques de Ste Anne par Lacan lui-même. Encore faut-il savoir, comme on dit, "lever les filets" du signifiants. C'est dans l'espace précis de ce déploiement projeté dudit plan de coupe que les actes se nécessitent, manqués ou forcés avant de se révéler éthiques. Il y va d'une cybernétique du vide qui est le sexuel des hommes et que freudonne l'inconscient. Une des avancées de Lacan fut d'indiquer comment cette circulation entre chair et cuir est nodale de recevoir son holding du nom-du-père (qui peuvent être pluriels). La signification s'y ressource comme le délire (par défaut) dont la quérulence psychotique est la figure-symptôme, l'affect détaché de sa Vorstellung aurait dit Freud. La psychose comme les névroses se traitent par leur refente du moins dans le processus psychanalytique quitte à suppléer à ce qui s'avère dénoué dans la fonction phatique (suppléance dans l'évidement). D'aucuns par l'écriture, les activités artistiques voire la religion, toutes continuités retrouvées, fussent-elles workholiques.


Début : 16 octobre 2001
Coût : 125$ ou 15$ la séance
Lieu : École Lacanienne de Montréal, 4657, rue Berri, Montréal
Responsable : Jean-Paul Gilson 279-2709 ou jpglore@vidéotron.ca
Les séminaires se tiendront tous les 1er et 3ième mardi de chaque mois à 20h00